Quand on est travailleur en situation de handicap on a des freins partout.
C’est pas facile tous les jours.
On a des blocages, on est stressé parce qu’on ne sait pas comment ça va se passer…
On a peur de mal faire notre travail, on a peur de simplement ne pas être à la hauteur
[Message publicitaire dans un haut-parleur et bruits de manutention]
Je m’appelle Madame Sabin Christelle, j’ai 43 ans, je postule actuellement en crèmerie-charcuterie.
Mon travail est de contrôler les températures de chaînes de froid et faire la mise en place de chaque produit autant en crémerie qu’en charcuterie.
Quand j’ai fini, je vais aider mes collègues en servant les clients.
[Ambiance musicale du magasin, bruits de papiers froissés]
Je m’occupais auparavant des enfants dans une périscolaire, et entretemps je me suis occupée des femmes battues dans une association.
J’avais pour objectif justement de pouvoir, de vouloir m’intégrer par rapport à la vie de tous les jours puisque j’ai une difficulté à la recherche d’emploi.
[Bruits de machines d’emballage, discussions]
Plus l’âge monte, plus avec l’handicap on a besoin de s’intégrer.
On a besoin de s’orienter, on a besoin de diplômes pour pouvoir dire qu’on est capables de travailler.
[Christelle s’adresse à une cliente]
Lequel, madame, vous avez dit ? Quel jambon ? Celui-là ? D’accord. Cinq cent grammes ?
C’est difficile de s’intégrer dans une équipe qui ne comprend pas votre handicap.
Moi en tant que malentendante, je veux leur expliquer mon handicap parce que c’est important qu’on se comprenne et c’est important pour le client qui est en face de moi.
Au sein de l’équipe je n’ai pas de problème spécifique, pas de « Oh, elle n’entend pas… ».
Nous sommes des adultes, nous devons nous comprendre
[Rires]
[Un client s’adresse à Christelle] Si on prend toute la terrine on garde le pot ?
[Rires]
J’ai fait une recherche personnelle sur Internet, tout simplement, et je me suis dit : il me faut absolument un centre de formation où je puisse intégrer la langue des signes aussi.
Parce que je suis malentendante, mais demain je ne sais pas, je peux peut-être devenir sourde, alors c’était important pour moi de trouver ce centre de formation qui s’appelle SERAC, qui insère et oriente des personnes en situation de handicap, notamment avec les sourds et les malentendants.
Je suis malentendante mais voici ce que je sais faire.
Aujourd’hui j’ai envie de travailler.
C’est une revanche sur la vie pour nous.
[Un chariot se rapproche]
[Un employé s’exclame] Attention, attention…
Comment concilier travail d’équipe, environnement bruyant et déficience auditive ? Christelle Sabin y parvient au quotidien en sa qualité de gérante libre service en crèmerie-charcuterie. C’est par l’échange, la formation à de nouvelles formes de communication et une volonté d’intégration que rien ne semble pouvoir ébranler que Christelle « prend aujourd’hui sa revanche sur la vie ».