Florian Ruyet Je m’appelle Florian, j’ai 28 ans. Je suis un petit jeune du fond de la Ria d’Etel dans le Morbihan. J’ai ma femme et deux enfants. J’ai commencé à 13 ans pour devenir marin pêcheur pendant 3 ans, après j’étais patron pêcheur quelques mois puis j’ai senti le déclin de la mer. Je me suis reconverti dans l’accastillage de bateaux. Après j’ai eu mon accident, j’ai respiré des aérocontaminants le 30 août 2011. Ça m’a laissé de très graves séquelles neurologiques, au niveau des muscles, des tendons… Je suis agueusique, c’est une personne qui n’a plus de goût ni d’odorat. Des gros problèmes de mémoire… De là j’ai décidé de me reconvertir pour devenir apiculteur. Je pense que mon rapprochement, après mon accident, avec la nature, s’est fait automatiquement. Pas à l’instinct, mais quasiment automatiquement. Les produits chimiques, les abeilles maintenant, de nos jours, on sait qu’elles sont atteintes par ça. Je pense que c’est le destin qui a fait qu’on s’est coordonnés ensemble. Je me suis formé apiculteur tout simplement, au début j’ai commencé à aller voir des professionnels. Allez voir telle personne, elle vous décrira mieux comment lever une ruche, comment créer une ruche, faire des divisions… Après on apprend beaucoup dans les bouquins. J’ai fait pas mal de colloques aussi, pendant ma convalescence. Je suis allé dans des associations, on fait des rencontres assez magnifiques. Les partenaires qui nous aident, il ne faut jamais les oublier. J’ai appris aussi avec mes séquelles qu’il faut parler des problèmes aux autres. On fait avancer les choses et on avance soi-même, même psychologiquement on avance. Ma première ruche je l’ai installée en 2013. J’ai un cheptel de 225 ruches, 400 ruches ça serait bien, c’est là qu’on commence à avoir une entreprise pérenne. Cette année j’ai fait 800 kilos de miel, ce qui est une production assez correcte pour la première année. L’année prochaine je compte aller jusqu’à 2,5 tonnes. J’ai réussi à avoir un arrêté de prescription des incidences en zone Natura 2000, ce qui m’a permis de poser des ruches dans un lieu très protégé et de créer un miel de toutes fleurs. On peut retrouver des cristaux salins dedans. Du fait que je sois agueusique mon corps a réussi à palier par d’autres expressions. Quand ça devient juste picotant « léger » je sais que c’est sucré, pas trop mal. Les arômes c’est dans la gorge. Un truc un peu chatouilleux qui me fait à moitié rigoler, sourire, je sais que c’est pas trop mal. Quand ça devient trop chatouilleux, c’est dégueulasse ! C’est aussi simple que ça ! En fait c’est un apprentissage. Après il y a ma femme, mes amis, mes parents qui sont là aussi pour m’aider. Physiquement c’est très dur, j’ai mis deux ans à récupérer, à commencer à vivre à peu près normalement. Psychologiquement, ça reste des années après. Il y a une chose qui est bien là-dedans : quand tu touches le fond tu ne peux que remonter. Il faut aussi pousser ses limites, le corps humain est bien fait, il ne faut pas non plus se relâcher. Je souhaite à tout le monde d’avoir un projet, de réussir comme moi maintenant ! … Il faut aller de l’avant ! [Bruit des vagues]
Florian Ruyet est, comme il aime à le rappeler, un « p’tit gars des rivages morbihanais ». À 26 ans, il s’est déjà reconverti deux fois. D’abord marin pêcheur puis accastilleur, il respire une forte dose d’aérocontaminants au travail en 2011, un accident qui lui laisse de graves séquelles. Surmontant son handicap, cet amoureux de la nature partage aujourd’hui sa vie entre famille… et abeilles.